Dans la première partie de ce feuilleton, nous avons montré des origines douteuses de ce général congolais Patrick Masunzu alias Isironi.

Nous avons retracé son itinéraire militaire depuis son incorporation dans les maquis du FPR-Inkotanyi du Rwanda en 1992 et comment au moment de la course de l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques de Libération du Congo), il s’est montré suffisamment indiscipliné avec meurtres de civils à Makobola et à Fizi en Province du Sud Kivu.

Plus tard, au cours de la guerre du RCD/Rassemblement Congolais pour la Démocratie, il se mutinera et entrera en rébellion pour collaborer avec les Mai Mai et les tristement génocidaires FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda) contre le RCD pour enfin éliminer ses anciens compagnons d’armes après qu’il sera promu général par Kinshasa.

L’actuel général félon congolais, Patrick Masunzu, doit sa promotion fulgurante grâce à son esprit retors, belliqueux, généreusement rancunier et profondément vicié. Cette somme de négativités a été exploitée à son avantage par le Président congolais Kabila fils (2001-2017).

Kabila Père, Laurent Désiré (1997-2001) avait, auparavant, trouvé en lui une chance inouïe de se venger sur les guerriers Banyamulenge qui, tôt dans les années 1960, au cours de sa première rébellion contre le General Joseph Désiré Mobutu (1965-1997), l’ont combattu durant 32 ans.

Cela a provoqué sa défaite et sa fuite pour la Tanzanie. Et vlan ! Finie la rébellion Muleliste dirigée par Kabila !!! Hélas ! Mobutu va lui aussi, des dizaines d’années plus tard, jouer un tour scabreux aux Banyamulenge qui l’avaient sauvé des griffes de Kabila.

Influencé par les leaders de Kivutiens extrémistes il décidera que ces Banyamulenge ont une nationalité zaïroise douteuse. Cette ingratitude, jettera des milliers de jeunes Banyamulenge dans les maquis du FPR (Front Patriotique Rwandais) entre 1990 et 1994.

Désabusés, ils pensaient s’aguerrir dans cette guérilla du FPR nourris d’un hypothétique espoir de reprendre le dessus dans leur pays, l’actuel RDC (République Démocratique du Congo).

Lequel espoir finit par payer, car c’est par eux (les Banyamulenge) que la rébellion de l’AFDL finit par emporter le dictateur à la toque du léopard, Mobutu. Pour eux, être des apatrides dans leur pays était un affront dont ils étaient tenus de se laver.

Pour Kabila Fils (2001-2017), Masunzu est une carte cadeau qu’il utilisera pour affaiblir les guerriers du RCD-Goma dans leur progression vers Kinshasa. C’est un homme de main sûr qui va contrôler cet Est de la RDC instable et sujet à de centaines de rébellions.

Etant monté à Kinshasa vers les années 2005, le président Joseph Kabila et le Haut commandement militaire des FARDC (Forces Armées de la RDC) lui demandèrent d’amener toutes ses troupes et de les incorporer dans les FARDC.

Craignant que ses camarades Banyamulenge ne le suivent pas dans sa trahison contre le RCD-Goma, de Kinshasa où il était en consultation, le Commandant Pacifique Masunzu préfèrera déléguer un certain colonel Mitabu, lui aussi Munyamulenge, pour aller convaincre les troupes laissées sur les Hauts Plateaux de Mulenge en Province du Sud Kivu, de rallier le camp gouvernemental et déserter complètement le RCD. Le Colonel Mitabu partira pour les Hauts Plateaux mais il n’agira pas selon la volonté du président Kabila. Au contraire, il œuvrera à former un groupe d’autodéfense des Banyamulenge dénommé GUMINO. D’où la naissance de cette faction rebelle.

« Phénomène Masunzu » : résistance transformée en une trahison?

Mais à l’origine du phénomène Masunzu, c’est une indiscipline et un rejet de la structure de commandement. Masunzu semblait tout rejeter. Il n’acceptait ni la hiérarchie et la doctrine militaire, ni la procédure du RCD-Goma. Un vrai loup dans les brebis.

Moins d’une année après que le RCD s’était rebellé contre le pouvoir central de Laurent Désiré Kabila au début de 1999, les insubordinations étaient fréquentes dans les rangs de ce mouvement, comme dans toute rébellion naissante.

La cité d’Uvira, ville du sud de la Province du Sud Kivu, devint un théâtre d’échanges de tirs entre deux groupes d’officiers. Certains voulaient procéder à l’arrestation de ceux-là qui avaient été libérés de la Prison de Bukavu (Chef-lieu de Province Sud Kivu). Parmi les mutins, il y avait le commandant Masunzu.

L’affaire pris une ampleur d’une guerre ouverte entre les soldats Banyamulenge et les éléments du RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie).

A cette époque, Masunzu déserta l’armée du RCD-Goma et se retira sur les hauts plateaux avec des éléments armés sous son commandement. Ainsi il entrera en dissidence contre le RCD/Goma au début 2002. Retranché dans sa région natale, il s’allie à un groupe politico-militaire, le Front Révolutionnaire des Fédéralistes (FRF). Il dirigera sa branche militaire.

Ce FRF combattra le RCD/Goma et son allié l’APR (l’Armée Patriotique Rwandaise). Mais à vrai dire, cette insoumission était de façade, car ils étaient des enfants d’une même idéologie.

Pour mieux affirmer ses assises, ce mouvement s’allia aux différents groupes armés Maï-Maï locaux et au gouvernement de Kinshasa qui lui fournissait régulièrement des armes, mais sans convaincre la totalité voire même une frange importante de la population Banyamulenge, raison pour laquelle ce mouvement fut un nouveau-né malade qui mourut de sa perfidie.

Le puissant RCD-Goma, sûr de sa supériorité militaire sur l’armée gouvernementale, ne pouvait pas permettre une mutinerie dans ses rangs. Encore moins, il ne pouvait pas tolérer qu’un quelconque autre mouvement armé y compris les Mai-Mai opère sur son territoire.

Le colonel Mutebutsi alors nouveau commandant de cette zone Militaire avait la tache de désarmer et d’arrêter tout militaire y compris Masunzu qui affichait une indiscipline allant jusqu’à la mutinerie. Mutebutsi n’a pas voulu faire la guerre dans son propre village natal. Il craignait faire des victimes civiles.

La racine du mal venait d’être plantée dans la communauté Banyamulenge.

Au cours de cette résistance, plusieurs militaires Banyamulenge qui combattaient alors du côté du RCD désertèrent. Vers septembre de 2002, le RCD-Goma envoya un contingent de militaires appuyés par des éléments de l’APR pour traquer les mutins Banyamulenge sous commandement de Masunzu. Des avions de transport de troupes furent utilisés.

Disons-le en toute franchise, les hommes de Masunzu ont en quelque sorte échappé à la traque grâce au soutien de certains membres de la communauté Banyamulenge qui, quasiment tous, n’étaient pas d’accord pour qu’il y ait une guerre entre eux-mêmes les Banyamulenge d’autant plus que la fraction de Masunzu était de connivence avec les Mai-Mai.

Le 13 octobre 2002, quand les Maï-Maï et les hommes de Masunzu ont pris d’assaut la ville portuaire d’Uvira et réussi à en chasser les troupes du RCD/Goma, ils avaient bénéficié d’un soutien substantiel en armes, en munitions et en combattants y compris les Interahamwe..

Considérées par l’ANC (l’armée du RCD) et les ONG internationales telles que le Haut-commissariat aux Droits de l’Homme des Nations Unies comme repris dans le Rapport Mapping comme des « Mayi-Mayi tutsi », les forces de Masunzu se sont alliées aux groupes Maï-Maï opérant dans les territoires de Mwenga, d’Uvira et de Fizi en Province Sud Kivu et sans défier l’ANC (Armée Nationale Congolaise du RCD) avec l’appui du Gouvernement de Kinshasa. C’est fut un fiasco pour Masunzu et son équipe.

Dans les moyens plateaux, l’alliance entre Masunzu et le commandant Maï-Maï Muvira Nyakabaka s’est par ailleurs montrée particulièrement dangereuse pour les soldats de l’APR et du RCD, pris entre deux feux. A l’époque, ces derniers semblaient avoir repris le contrôle des axes stratégiques menant vers les hauts plateaux, mais l’insécurité était à son comble.

Mais l’implication des ex-militaires du Gouvernement Habyarimana (1973-1994) dans les opérations militaires étaient perçue par les toutes les tribus du Sud-Kivu et les Banyamulenge en particulier comme une trahison intolérable, non seulement parce qu’elle signifiait que les hutu génocidaires rwandais n’offraient pas aux Banyamulenge l’honneur des combats, mais aussi parce que les Banyamulenge soupçonnaient que ces Hutus nourrissaient une volonté de s’établir pour de bon sur leurs Hauts Plateaux de Mulenge.

Du Caporal au … Général Masunzu

Début 2007, Masunzu le renégat de la Kabilie, un commandant d’un peloton, caporal de son vrai grade militaire est catapulté Général de Brigade et est nommé commandant de la région militaire du Sud-Kivu. Il aura les mains libres pour opérer ses basses besognes en toute impunité.

Un tel grade et une fonction aussi enviés donnèrent le tournis à notre jeune Masunzu qui s’adonna à toute une gamme d’activités lucratives illégales et criminelles y compris le trafic d’armes.

Des investigations menées par nos soins depuis 2006 révèlent avec exactitude le fait que ce nouveau général a immédiatement commencé le trafic d’armes.

Notre enquêteur dans cette région des Hauts Plateaux de Mulenge a connu beaucoup de difficultés et de menaces de mort au point qu’il n’a pas pu mener à terme son travail. Mais il avait malgré tout déjà pu nous transmettre le questionnaire et les réponses de 35 personnes habitants de différentes localités de Minembwe. Tous ces répondants ont confirmé la circulation d’armes dans la région.

23 d’entre eux ont dénoncé l’existence de stocks et de caches d’armes à feu. 10 ont donné des informations à propos de leur transit sur les Hauts Plateaux, 31 sur les ventes, achats et échanges et 3 ont parlé de saisie. Les acteurs de ce trafic sont les éléments du général Pacifique Masunzu. Au fait, il a contribué énormément dans l’essaimage d’armes dans le Sud-Kivu et est donc coupable d’actuelles retombées de l’insécurité généralisée dans la région.

Masunzu se couvre indûment de gloire d’avoir vaincu et chassé les Rwandais de l’Est
L’esprit tordu de Masunzu, les rancœurs héritées de son enfance difficile, le conflit identitaire qui était devenu comme un cancer en lui ; tout cela a pesé dans sa carrière militaire au point qu’il lui était difficile de comprendre et de se conformer à la discipline et à la doctrine militaire de son mouvement politico-militaire AFDL/Alliance des Forces Démocratiques de Libération du Congo puis de RCD-Goma.

Son esprit rebelle contre le RCD-Goma a retenti sur les Hauts Plateaux de Mulenge. Et comme une traînée, il s’est étendu dans les régions alentours jusqu’à Kinshasa.

Quand le Président Joseph Kabila apprit la nouvelle en 2002, il s’appropria de cet homme providentiel capable d’inverser les rapports de forces sur le terrain de guerre entre les FARDC et les troupes du RCD-Goma appuyées par les troupes rwandaises.

Ceux qui disent, que le commandant Sironi Masunzu a battu les troupes rwandaises durant la guerre de 2002 se trompent beaucoup. Le Rwanda a quitté le Congo de son propre gré. Washington DC et l’ONU ont intimé l’ordre avec un ultimatum de quelques heures au Rwanda de se retirer du Congo.

Masunzu et ses troupes quittèrent rapidement leurs maquis et se répandirent sur tous les hauts plateaux. Quelques jours plus tard, il fut convoqué à Kinshasa parce qu’on croyait aux rumeurs selon lesquelles ce désormais seigneur de guerre avait chassé avec succès les Rwandais de la RDC.

Tuer les braves guerriers !

Au refus d’obtempérer de ses frères Banyamulenge, Masunzu rentre dans une colère irraisonnée. Il décide d’entreprendre le voyage de Minembwe pour convaincre ses frères et les intégrer dans les FARDC. Dûment mandaté par l’Etat congolais, par le nouveau président Joseph Kabila en personne, le jeune Masunzu débarque à Minembwe.

Au lieu de convaincre ses anciens camarades sur la nécessité de se laisser brasser au sein des FARDC, il planifie une attaque contre eux. Il tua les hauts commandants de GUMINO, Groupe d’autodéfense des Banyamulenge, les Majors Rutambwe, Nkumbuy’inka et d’autres.

Ils moururent d’une mort atroce. Masunzu refusa à leurs parents la faveur de les enterrer dignement. Par contre, il ordonna à Santos, Rugabisha, Munyamahoro et Nyamwishengezi de les jeter dans une fosse commune. Jusqu’à ce jour, personne ne sait où ils ont été enterrés.

Complot avec les FDRL de Kaziba contre le Groupe dit de 47

Le groupe dit de 47 comprenait l’actuel colonel Bisogo, le défunt colonel Gafirita. Ils voulaient rentrer chez eux sur les Hauts Plateaux de Minembwe retrouver leurs familles. Comme Sironi Masunzu était à Kananga, il a fait appel aux FDRL et leur a demandé de les tuer.

Bien que les FDRL le prenaient déjà pour leur frère, ils ont refusé, disant que ce qu’il leur demandait était impossible. « Nous ne voulons pas nous créer des problèmes avec les Banyamulenge », lui ont-ils rétorqué en guise de refus d’obtempérer. Masunzu Sironi dira alors à Kabila que le groupe de 47 n’est pas composé de Banyamulenge mais que tous sont des Rwandais.

Les interahamwe diront plus tard qu’ils n’avaient pas la certitude qu’après avoir tué ces Banyamulenge, Masunzu les laissera en paix. Désormais, sa trahison était mise en question.

Pour clore cette deuxième partie sur la félonie de ce général hors du commun, disons que Masunzu est un traitre pur-sang. Il suffit un petit clic pour qu’il tourne casaque.

D’un caractère pervers narcissique, il n’aime pas le moindre affront. Masunzu fait un effort magique pour vous séduire au départ mais vous ne connaitrez jamais réellement ses intentions. Il fournit assez d’énergies pour exercer son emprise sur les autres, ses supposés détracteurs.

Il les culpabilise et se fait passer pour la victime et manque d’empathie même envers ses propres frères et sœurs et parents. Pour vous dire enfin qu’il n’en a pas pour personne. C’est un vrai psychopathe qui a fait son intrusion dans les FARDC, il finira par les ruiner de l’intérieur. Son parcours au sein de l’APR, l’AFDL et le RCD est rocambolesque. Il a été émaillé par la duplicité et il finira par vous le prouver.

(À suivre)

Auteur : Kungondo

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *